Au lendemain de la COP30 et des célébrations du dixième anniversaire de l’Accord de Paris, un sentiment d’urgence teinté de lassitude et parfois de découragement, domine la lutte contre le changement climatique. Les discussions sur les objectifs 2040 de l’Union européenne se heurtent à des résistances croissantes, et les chiffres témoignent d’un ralentissement préoccupant de l’action climatique mondiale, malgré un fort soutien dans l’opinion. Dans ce contexte, une question cruciale se pose : comment trouver un nouvel élan ?
La réponse se trouve peut-être dans un changement de regard sur le rôle des entreprises. Aujourd’hui, les cadres existants – bilan carbone, plans de transition, taxonomies – mettent en avant les efforts des entreprises pour décarboner leur propre activité. Ils sont nécessaires mais pas suffisants. Souvent statiques, trop segmentés, ils ne permettent pas de mesurer la contribution réelle des entreprises à l’effort climatique mondial. Or, cette contribution est essentielle.
En effet, le pouvoir d’une entreprise face au changement climatique ne se limite pas à sa capacité à décarboner sa production. Il se joue aussi dans les solutions qu’elle diffuse pour aider les autres à le faire, dans les financements qu’elle mobilise, et les innovations dans lesquelles elle investit. Des leviers essentiels, souvent invisibles, peu mesurés, et mal reconnus.
Nous proposons donc de changer d’approche pour davantage reconnaître les efforts des entreprises qui, par leurs initiatives, permettent à d’autres de réduire leurs propres émissions de gaz à effet de serre. En somme, il s’agit de créer une dynamique qui accélère réellement la transition vers une économie à la fois prospère et respectueuse du climat.
Chaque entreprise a un potentiel de contribution à la neutralité carbone mondiale – plus ou moins important en fonction de son activité. Encore faut-il qu’elle le saisisse. Pour le rendre visible, un cadre de mesure fiable de cette contribution est nécessaire. Il doit permettre d’unifier les standards existants, garantir la transparence des actions, et offrir une lecture claire du rôle distinct de chaque entreprise dans la transition
Pour les entreprises engagées, un tel cadre offre une reconnaissance des efforts réalisés, stimulant ainsi la volonté d’aller loin. Pour les autres, il offre une orientation sur un chemin à suivre. Pour les investisseurs, il garantit la comparabilité des performances et facilite l’allocation des capitaux vers les projets les plus porteurs de valeur. Pour les décideurs publics, il constitue une base solide pour encourager les meilleures pratiques.
Pour relancer l’action climatique, il faut davantage reconnaître la contribution des entreprises: non seulement ce qu’elles peuvent faire pour leurs propres émissions, mais aussi pour les émissions des autres. Loin de baisser l’exigence, nous proposons de l’élever en passant d’une logique comptable à une dynamique plus stratégique et mobilisatrice, en dotant les entreprises des bons instruments de mesure de leur impact positif.